Le sort des républicains espagnols.
Sources documentaires: L’espor guidait leurs pas, Rémi Skoutelsky Camp de Gurs, Claude Laharie Les camps du Sud-Ouest de la France, collectif La Maldonne espagnole, Léo Palacio Le livre de la Déportation, Marcel Ruby Le Front du Médoc, une Brigade au combat. |
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1°) les Rotten Spanish :
Faits prisonniers avec les troupes françaises, ils vont tout d’abord prendre la route des Stalags avant de se retrouver au camp de
Mauthausen, le seul camp, placé dans la catégorie « 3 » dans la classification de Heydrich, celle réservée aux « individus
irrécupérables », soumis aux traitements les plus rigoureux.
Alors, les rotten spanish vont être poursuivis. Ils seront retrouvés dans les Stalags, ils seront livrés à la Gestapo, aux
S.S. et rouleront, nombreux, en direction de Mauthausen. Mais les Stalags ne suffiront pas, en août 1940 les Allemands se
présenteront au « camp des Alliers » à Angoulême où sont internés plusieurs centaines de réfugiés espagnols, dont 450 femmes
et enfants venus en France avec les rescapés de l’armée Républicaine Espagnole, au début de février 1939. Un groupe de volontaires
est demandé pour du travail en zone libre. Environ 800 personnes s’inscrivent. Une moitié composée d’hommes, l’autre moitié, des femmes et
des enfants. Le départ était organisé par la police française, qui, à la gare, livra le contingent aux Allemands. Tous partiront pour
Mauthausen où ils arriveront le 24 août. Seuls les hommes, au nombre de 378 descendent des wagons. Ils seront enregistrés comme étant
des apatrides, sous un triangle bleu. Les femmes et les enfants en bas âge sont refoulés vers l’Espagne
franquiste, au risque de leur vie.
Au total, on enregistre 6.737 prisonniers espagnols déportés vers Mauthausen, dont 4.297 ne reviendront pas. Un taux de mortalité de
63,80%. Ces statistiques ne comportent pas les Espagnols qui ont pu être déportés pour faits de Résistance.
A Mauthausen, le principal kommando est celui de la carrière. Elle est entourée de barbelés et de miradors. Jour après jour des milliers
d’hommes descendent extraire les blocs de granit nécessaires pour la construction des bâtiments ainsi que pour l’enceinte du camp.
Les 186 marches conduisant à la carrière doivent être franchies au pas de course sous les coups des S.S jalonnant ce calvaire. Le
retour, le soir, après une dure journée de labeur, s’effectue par groupe de cinq avec, le plus souvent, une pierre sur le dos. Celui
qui tombe est aussitôt abattu ou précipité du haut de la carrière. Ajoutons à cela que le régime alimentaire de ce camp est sensiblement
plus mauvais que celui des autres camps.
Que dire des atrocités et des exécutions ! Elles sont permanentes. Bastonnade de 25, 50 ou 75 coups. Rares étaient ceux qui
résistaient à plus de 50 coups. Beaucoup succombaient même avant.
Les S.S. se permettaient n’importe quelles brutalités. Tel Müller qui, au cours d’un interrogatoire, bat un détenu jusqu’au sang
puis lui annonce qu’il sera exécuté le lendemain avant d’apprendre que le malheureux qu’il martyrise est chanteur de son métier à
Vienne. L’information inspire Müller : il le fera chanter pendant une heure. C’est encore un Russe repris après une tentative
d’évasion. Il sera enchaîné près de la porte d’entrée. Et quand le rapportführer Riegeler arrive à la tombée de la nuit il frappe le
malheureux et le jette à terre. Avec sa cave il lui crève les yeux. Il lui écrase les côtes à coups de talon et lui transperce la
gorge avec sa canne qui lui sort par la nuque ; le sang étouffe les cris de l’homme qui vit encore. Il sera achevé d’un coup
de revolver.
Ce sont les malades que l’on achève… Quant aux chambres à gaz… Kogon, Langbein et Rückerl considèrent que « parmi les camps
de concentration qu’on peut qualifier de camps d’extermination au sens strict du terme, Mauthausen est un cas particulier :
on y a tué par les gaz plus de détenus que dans les autres camps de concentration, que ce soit dans le camp principal, dans le camp
annexe de Grusen ou dans un camion à gaz qui faisait la navette entre Mauthausen et Gusen ».