RESISTANCE UNIE en Gironde


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Odyssée des passagers du " MASSILIA " par René BOSDEDORE.
"R.U. n°67 page 1
mars 2004
page 2 Liste des 80 Parlementaires
sur le départ


Mais qui étaient donc ces passagers du "Massilia" ?

La place n'ayant pas été suffisante pour que leur liste ait pu être gravée sur la plaque de marbre apposée sur la stèle commémorative, il nous faut la rappeler ci-dessous, dans leur ordre alphabétique, car ils sont dus à l"histoire si peu glorieuse des toutes dernières semaines de la IIIème République. De cette République où certains d'entre eux avaient été appelés à des rôles de premier plan.

Tels Edouard Daladier, ancien président du Conseil, longtemps en charge de la Défense nationale, Yvan Delbos, plusieurs fois ministre des Affaires étrangères, César Campinchi, plusieurs fois lui aussi ministre de la Marine, poste qu'il
occupait encore moins de huit jours avant son embarquement sur le "Massilia", tout comme Georges Mandel, en charge de l'Intérieur dans le même gouvernement Paul Reynaud. Ah! il est des moments où l'histoire va bien vite... Méritent encore d'être soulignés les noms de Pierre Mendés-France, Pierre Viénot et Jean Zay, les deux premiers anciens sous-secrétaires d'Etat et, le dernier ancien ministre des gouvernements présidés par Léon Blum si abusivement, si contrairement à la vérité, accusé d'avoir été à la tête du Front Populaire, le grand responsable de notre défaite, comme si celle de nos grands Etats Majors pouvait, elle, se trouver ainsi totalement exonérée!

Le président de la République, Albert Lebrun, devait aussi s'embarquer sur le "Massilia" mais il en fut dissuadé "in extremis" par la brutale et violente intervention, le 21 juin, d'une délégation de quelques parlementaires venus lui dire leur hostilité à son départ de la France. Pierre Laval, inspirateur de cette démarche (Le maréchal Pétain en avait fait la veille, ainsi qu'Adrien Marquet, deux ministres d'Etat), fort de son titre, devint menaçant, assurant le Président qu'il ne lui serait plus possible de remettre les pieds en France s'il s'obstinait à quitter le pays dans ces conditions. On sait bien que la fermeté de caractère n'était pas le trait dominant du Président et il renonça à s'embarquer sur le "Massilia", où il aurait du normalement se retrouver aux côtés des 27 parlementaires partants.

Il est évident qu'une large majorité des passagers du "Massilia" n'aurait manquer de s'opposer, le 10 juillet 1940, à Vichy, à la demande des pleins pouvoirs présentée à la séance de l'Assemblée nationale en vue du sabordage légal de la IIIème République et des institutions démocratiques pour leur subtiliser un nouvel Etat Français disposé à la collaboration avec l'Allemagne nazie déjà si largement occupante de la France.

Ainsi le nombre des "Quatre-Vingts" de Vichy, dont nous parlerons dans un prochain article, aurait-il pu atteindre très facilement celui plus symbolique d'une bonne centaine d'opposants à cette sorte de coup d'état factieux, manigancé par Pétain et instrumenté par Pierre Laval et leur réseau de si douteux complices, tel Darnand dont les miliciens finirent par se montrer plus nazis que les nazis eux-mêmes.

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