RESISTANCE UNIE en Gironde


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d'un Français libre.
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Témoignage de Louis Bernon. (page n°4)



13 juillet 1943 - distribution de 70 pesetas par le Général Giraud.

14 juillet 1943 - distribution de vivres par la Croix-Rouge (lait-pâté et 2 paquets de cigarettes par les espagnols; tout cela dans la cellule)

15 juillet 1943 - Je dois quitter les copains de cellule. Pierre Latrubesse et René Loustau, André Joly est du même convoi que mol, la destination est pour le camp de Uberruaga d'Ubilla. Moi comme moins de 20 ans. C'est avec un pincement au cœur que nous devons nous séparer, les larmes aux yeux. Est-ce que nous allons nous retrouver afin de poursuivre la tâche que nous nous sommes fixée, nous avons fait serment d'atteindre notre but: l'Afrique du Nord - l'Angleterre - De Gaulle - Les Forces françaises libres.

16 juillet 1943 - Nous sortons de la prison de Pampelune, univers carcéral et concentrationnaire, après un dernier regard. Qu'est ce que nous allions devenir ? Nous montons dans des camions surveillés par deux gardes espagnols, le trajet ne durera qu'une partie de la journée. Après avoir traversé une vallée verdoyante, nous arrivons à destination. C'est une ancienne station thermale (abandonnée après la guerre civile), située danse la vallée du Rio-Ubllla, coincée entre la rivière et deux collines abruptes et boisées. C'est un vaste bâtiment, il est composa de 133 chambrées, pouvant contenir plusieurs réfugiés, il comprend en outre des locaux communs, un grand réfectoire pouvan! conteur 300 personnes, une chapelle , un prêtre espagnol dit la messe chaque jour et confesse la samedi. Il y a aussi une installation de douche salle de jeux, on peut y faire du ping-pong (première. information).

17 Juillet 1943 - 8 heures - Après être passé dans la pièce de désinfection, je suis affecté au groupe Français n°10 bat A II chambrée 1 1er étage - Les lits sont superposés. la literie est simple, les WC en commun sur le palier. Parmi les gars qui ont l’air bien sympathiques. il y a Vilain, Leguay-Picard, Bourtaud-Clerc et Noël. Je ne sais pas si c'est leur vrai nom (nous ne sommes jamais revus).

L'organisation sanitaire se constitue sur la visite quotidienne d'un médecin espagnol imposé par les autorités du camp et d'un médecin français interne, il y a vraiment un changement par rapport à la prison de Pampelune (le grand air) amaigris et affaiblis avec en plus la dysenterie, je pense que nous allons pouvoir nous requinquer; pour l'instant nous sommes environ 300 dans le camp - ouvert seulement depuis juin 1943 - loué par Monseigneur Boyer-Mas assisté de Jean Maugin le délégué permanent de la croix rouge française.

Pour la nourriture, le petit déjeuner est constitué d'un bol de café au lait et d'une tranche de pain, le déjeuner d'un potage, des légumes (haricots ou pomme de terre, riz, souvent poisson - peu de viande - 75 gramme de pains, le soir potage - un œuf ou sardine à l'huile d'olive - quelques légumes. Jésus le responsable surveille de près.

Dans la grande salle de jeux on peut faire de la culture physique, gym etc... on parle même d'y installer un ring - Nous pouvons nous promener entre le gave et la colline, les gardes sont là pour la surveillance. Nous sommes au grand air protégés par de grands arbres et à l'abri des regards des personnes qui passent sur la route.

La baignade dans le Gave est permise par groupe, toujours surveillée, l'eau y est très froide, cependant on peut y admirer un polonais, fameux nageur qui arrive à attraper des mutes à la main en restant je ne sais combien de temps sous l’eau, il est formidable.

Il va falloir se faire à cette discipline (la présentation du drapeau espagnol le matin et le soir (la Bandéra) dans un alignement parfait afin de contrôler le nombre de types. Parmi les internes certains arrivent d'un autre camp ou prison où ils ont passé plusieurs mois. Les esprits sont surchauffés, ils parlent de faire la grève de la faim.

Le 24 juillet, ils mettent leurs menaces à exécution. L'entrée du réfectoire est Interdite par des costauds , pas question de faire le malin, personne ne rentrera durant la journée, la majeure partie des internés est d’accord pour poursuivre s'il le faut plusieurs jours. C'est la meilleure solution pour faire avancer les départs pour l'Afique. Les autorités espagnoles et le chef du camp ont peur que de nombreuses évasions se produisent. Il y a danger - concertation oblige.

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