RESISTANCE UNIE en Gironde


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Odyssée des passagers du " MASSILIA " par René BOSDEDORE.

Ce travail historique, que nous devons à Monsieur René Bosdedore, fut le support de trois numéros de notre bulletin "Résistance Unie" correspondant aux éditions de décembre 2003, mars et juin 2004. Un travail important qui a retenu l'attention de chacun. Malheureusement, René Bosdedore n'est plus. Ayant à peine posé sa plume, comme épuisé par ce travail remarquable, il allait nous quitter.

1ère partie
"R.U" n°66
2ème partie
"R.U n°67"
3ème partie
"R.U" n°68
Hommage à René Bosdedore
"R.U" n°69


Le récit de l'odyssée des passagers du "Massilia" serait comme inachevé s'il en était resté sur le simple et par trop abrupt rappel des notes de l'amiral Darlan des 19 et 20 juin, établissant la régularité indiscutable de la situation des parlementaires embarqués, le 21 juin au Verdon, sur le "Massilia" pour Casablanca.

Voici donc le dernier volet de cette odyssée sanctionnée par le déplorable échec, si désastreux sur le plan politique, du projet qui avait été décidé par le gouvernement, le 18 juin, à Bordeaux, à la suite d'une démarche pressante des présidents des Assemblées parlementaires auprès du Président de la République. Celui-ci était acquis à cette idée, à la perspective de voir les pouvoirs publics faits prisonniers à Bordeaux par les Allemands qui progressaient rapidement vers le Sud-Ouest de la France. Il s'agissait donc désormais de faire face le plus vite possible et l'on allait dès lors s'y employer en toute hâte.

Le maréchal Pétain paraissait alors acquis à cette idée, tout en proclamant sa résolution de demeurer à Bordeaux avec les ministres militaires et Paul Baudouin le ministre des Affaires Etrangères.

Le Chef de l'Etat, les autres ministres, les présidents des Assemblées et les parlementaires le désirant pourraient donc gagner l'Afrique du Nord par le croiseur auxiliaire le "Massilia", réquisitionné à cet effet par l'amiral Darlan.

Apparemment totalement rallié à ces dispositions arrêtées le 18 juin, le maréchal Pétain aurait même dit, un peu dédaigneusement: "Si certains hésitent dans la crainte d'être traités de fuyards, je les couvrirai par un ordre". Et, à Alibert, lui demandant sa réaction pour le cas de refus de partir du président Lebrun, le maréchal aurait tout simplement répondu: "Je le ferai arrêter!".

Les dispositions ainsi prises le 18 devaient prendre effet dès le lendemain 19 juin, où elles reçurent même un début d'^pplication et diverses personnalités étaient déjà en route pour Port-Vendres lorsqu'elles apprirent que le départ du gouvernement était différé. Tout venait donc d'être remis en cause en quelques heures seulement...

Cependant, le ralliement de l'amiral Darlan à l'orientation politique décidée par le maréchal Pétain et tout à fait contrairement aux assurances formelles données par l'amiral bien peu de temps auparavant à des personnalités aussi crédibles que d'Astier de la Vigerie ou Jules Moch, constituait fort bien, en réalité, un véritable revirement dont l'effet d'entraînement fut absolument catastrophique.

Mais les passagers du "Massilia" faisant route vers Casablanca, se trouvaient dans l'ignorance de l'évolution de la situation politique, telle qu'elle venait de se développer si rapidement depuis le discours radiodiffusé prononcé le 17 juin à midi trente par le maréchal Pétain. Celui-ci exposait là les raisons l'ayant amené, "le coeur serré", à demander, en pleine nuit, et sans plus attendre, les conditions d'un armistice à l'adversaire.

Par ailleurs, le choix politique de Darlan trahissant aussi vite ses engagements encore si récents eut très rapidement raison des hésitations du général Nogués, gouverneur général du Maroc et commandant en chef des Forces Armées de l'Afrique du Nord. N'était-il pas devenu de ce fait l'homme clef de la situation? Son attitude eut un effet d'entraînement sur la quasi-totalité des grands administrateurs coloniaux qui s'alignèrent sur sa position après s'être montrés jusque là très favorables au projet de la constitution de ce gouvernement de résistance en Afrique du Nord.

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