RESISTANCE UNIE en Gironde


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d'un Français libre.

Les Français Libres.


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Les Français libres sont ceux qui, à l'appel du Général de Gaulle, se regroupent à l'extérieur du territoire national pour poursuivre le combat, abandonné par le gouvernement de Vichy. On peut y joindre ceux qui, dès 1940, sur le sol français, constitueront des réseaux de liaison avec Londres.

Le 17 Juin 1940, le Maréchal Pétain qui vient d'être nommé Président du Conseil des Ministres en remplacement de Paul Reynaud, s'adresse par la radio aux Français pour leur dire qu'il faut cesser le combat et qu'il demande l'armistice (armistice qui ne sera signé que le 25 juin, délai pendant lequel les troupes françaises, livrées à elles-mêmes, seront massivement faites prisonnières).

Le Général de Gaulle avait publié avant-guerre des ouvrages de doctrine militaire et s'était efforcé d'alerter les gouvernements et le haut Etat-Major sur l'importance décisive dans la guerre moderne de l'aviation et des blindés. Le succès de la "Blitzkrieg" (la guerre éclair) allemande venait, trop tard hélas, montrer la pertinence de ses vues. C'est cette compétence qui l'avait fait promouvoir par Paul Reynaud, Général de Brigade et sous-secrétaire d'Etat à la guerre dans son dernier gouvernement.

Le l6 Juin, le Général de Gaulle était rentré de Londres à Bordeaux où s'était replié le gouvernement. C'est là qu'il apprend que Paul Reynaud a démissionné et que le Maréchal Pétain a constitué un nouveau gouverne- ment, dont il est exclu, avec pour but de demander l'armistice.

Refusant cette perspective, le Général de Gaulle rejoint Londres le 17 juin, et le 18 juin, lance à Londres son appel historique.

Les termes de cet appel sont repris et résumés dans le texte suivant, celui d'une affiche apposée sur les murs de Londres en juillet.

Des gouvernants de rencontre ont pu capituler, cédant à la panique, oubliant l'honneur, livrant le pays à la servitude. Cependant rien n'est perdu ! Rien n'est perdu parce que la guerre est une guerre mondiale. Dans l'univers libre des forces immenses n'ont pas encore donné. Un jour, ces forces écraseront l'ennemi. Il faut que la France, ce jour-là, soit présente à la victoire. Alors, elle retrouvera sa liberté et sa grandeur. Tel est mon but, mon seul but !

Voilà pourquoi je convie tous les Français, où qu'ils se trouvent, à s'unir à moi dans l'action, dans le sacrifice et dans l'espérance.

Notre patrie est en péril de mort.
Luttons tous pour la sauver !
Vive la France !

Ces vues prophétiques seront confirmées par l'histoire.

Le 30 Juin, un second appel s'adresse aux gouvernements des colonies et Résidents des protectorats et territoires sous mandat (1) les appelant à se joindre à lui.

En effet, la France dispose alors d'un vaste empire colonial qui se trouve hors de portée des armées allemandes. Certains Français pensent naturellement à y poursuivre le combat. Ce fut le cas des parlementaires français qui, à Bordeaux. s'embarquèrent sur le paquebot Massilia pour se rendre au Maroc. Ils seront arrêtés par les autorités de Vichy et condamnés.

Le 27 juin, le Général de Gaulle prend le titre de "Chef des Français libres" et est reconnu à ce titre par le gouvernement britannique. La "France Libre" date de ce jour.

Contrairement à ce que l'on écrit parfois. si peu de Français ont entendu l'appel du 18 juin. la majorité d'entre eux en sera informée : la presse française, sous le contrôle des Allemands ou de Vichy, en parle pour le vilipender.

Le 2 août 1940, un tribunal militaire de Vichy condamne le Général de Gaulle à mort pour désertion et atteinte à la sûreté de l'Etat (!).

Mais il est vrai que peu de Français répondent à l'appel du Général de Gaulle. En majorité, ils sont démoralisés par la défaite et impressionnés par le prestige du Maréchal Pétain, "le vainqueur de Verdun.

Dans son appel du 18 juin. de Gaulle invitait les militaires français se trouvant en Grande Bretagne ou qui viendraient à s'y trouver. les ingénieurs et ouvriers des industries d'armement se trouvant dans le même cas à prendre contact avec lui.

La plupart des Français présents en Angleterre en juin 1940 (plus de 30.000 soldats et marins, dont de nombreux évacués de Dunkerque) ne l'entendront pas et demanderont à être rapatriés.

Le parcours de la France libre.

En juillet 1940, de Gaulle ne regroupe autour de lui. en Angleterre qu'environ deux mille hommes. Parmi eux, 129 hommes, pêcheurs pour la plupart. de l’île de Sein, en Bretagne. qui ont rejoint l'Angleterre sur leurs embarcations. Quand le Général de Gaulle passe en revue pour la première fois ses troupes présentes à Londres (quelques centaines d’hommes) appelés à indiquer leur lieu d'origine, il remarquera : "Si je comprends bien, l’île de Sein. c'est le quart de la France !"

En 1943. plus de 50.000 hommes avaient rejoint la France libre.

Parmi eux beaucoup de jeunes gens qui, bravant les militaires allemands et la police de Vichy, avaient franchi la frontière espagnole pour rejoindre Londres, après des séjours plus ou moins prolongés dans les prisons espagnoles, dont la plus connue est celle de Miranda.

La France libre va se trouver confortée par le ralliement de certaines colonies, qui lui donneront une assise territoriale et des ressources indépendantes.

Dès le 26 août 1940, le gouverneur du Tchad, le guyanais Félix Eboué, avec l'appui du gouverneur anglais du Nigeria voisin, rallie la France libre. Le 28 août un coup de main du Général de Larminat, venu du Congo belge voisin, sur Brazzaville, rallie le Moyen-Congo français. Le ralliement des deux autres colonies constituant l'Afrique équatoriale française sera plus difficile. L'Oubangui-Chari se rallie le 30 août : Au Gabon, des combats opposeront les partisans de la France libre à ceux de Vichy et se termineront en novembre par la victoire des partisans de la France libre. Le Cameroun, a été rallié à la France libre dès le 27 août par le futur Général Leclerc.

En revanche, l'Afrique du Nord (Algérie, Maroc, Tunisie) reste dans l'obédience de Vichy, de même que l'Afrique occidental française, où une tentative de ralliement appuyée sur des unités de la marine britannique les 23, 24 et 25 Septembre, échoue.

Les colonies du Pacifique (Nouvelle Calédonie, Nouvelles Hébrides, Etablissements français de l'Océanie) ainsi que l'Inde française, se rallient à la France libre dès septembre 1940.

Par la suite s'opéreront d'autres ralliements: Syrie et Liban en 1941, et la même année, St-Pierre et Miquelon, suite à un raid de l'Amiral Muselier, qui provoquera une protestation des Etats-Unis.

Le 14 juillet 1942, pour marquer l'union entre les forces françaises libres et la résistance intérieure, le terme de "France libre" sera abandonné au profit de celui de "France combattante".

Le 8 novembre 1942, les troupes anglo-américaines débarquent en Afrique du Nord et se heurtent dans un premier temps à la résistance des forces françaises fidèles à Vichy. Puis, elles se rallieront. De Gaulle a été tenu à l'écart de l'opération. Les Alliés reconnaissent en Afrique du Nord l'autorité de l'Amiral Darlan, qui se trouve par hasard en Algérie et que Pétain a désigné comme son successeur. Bien que désavoué par Pétain, Darlan se réclame de son autorité. Après l'assassinat de Darlan, l'autorité passe au Général Giraud, qui poursuit le mythe d'un pétainisme sans Pétain: les portraits de Pétain sont maintenus dans les lieux officiels, la législation antisémite maintenue, les internés politiques restent en prison.

Il faudra des mois pour que cette situation évolue et que le Général de Gaulle soit admis à Alger. Ce n'est que le 3 juin 1943 qu'est constitué à Alger le "Comité français de libération nationale" (CFLN), co-présidé par les généraux de Gaulle et Giraud. Ce dernier sera écarté de la présidence en novembre 1943, mais maintenu commandant en chef des armées. Il sera mis à la retraite en avril 1944. Dès novembre 1943, le Comité français de libération nationale, sous la seule présidence de De Gaulle, exerce seul l'autorité civile et militaire. Parmi les membres du CFLN qui tient lieu de gouvernement, ont été nommés deux communistes, François Billoux et Fernand Grenier, le premier, pris parmi les députés communistes internés en Algérie et tardivement libérés.

Le 3 juin 1944, le CFLN prend le titre de "Gouvernement provisoire de la République française" (G.P.R.F).

Les forces armées du Tchad, sous le commandement du Général Leclerc, lancées à travers le Sahara, s'attaquent aux Italiens de la Libye voisine : en mars 1941, par un raid audacieux, elles s'emparent de l'oasis de Koufra. Première victoire de ce qui deviendra la "2ème D.B" (division blindée), à l'issue de laquelle Leclerc prêtera son fameux serment: "Nous ne nous arrêterons que lorsque le drapeau français flottera aussi sur Metz et Strasbourg". Par la suite, la colonne Leclerc participera, avec les forces britanniques venues d'Egypte, à l'expulsion des forces italiennes et allemandes de Libye, puis de Tunisie où le résident de France, représentant Pétain, l'Amiral Esteva, s'est rallié aux Allemands. Ceux-ci seront expulsés de Tunisie en mai 1943.

Des détachements des Forces françaises libres ont pris part aux combats sur les fronts les plus divers. Episode le plus fameux: le combat de Bir Hakeim, en Libye, où, pendant quatorze jours, du 27 mai au Il juin 1942, près de 3.000 hommes des F.F.L. sous le commandement du Général Koening résistent à deux divisions italiennes et une allemande, réussissent à rompre l'encerclement et à rejoindre les forces britanniques. Une escadrille d'aviateurs "Normandie-Niemen"(2) combat sur le front russe, aux côtés des Soviétiques.

Autres aspects de la France libre.

Le quartier général de la France.

Le quartier général de la France libre a été établi, le 24 juillet 1940, dans un immeuble mis à la disposition du Général de Gaulle par le gouvernement britannique à Carlton Gardens.

Peu de personnalités connues ont rejoint, au début, le Général de Gaulle. Parmi les premiers, le professeur de droit René Cassin. On trouvera parmi elles le Général Catroux, ancien gouverneur général de l'Indochine révoqué par Pétain, le Général Legentilhomme, ancien commandant des troupes en Somalie française, le capitaine Dewarin, polytechnicien, qui deviendra sous le pseudonyme de Colonel Passy chef des services de renseignements de la France libre, (BCRA), le Vice-Amiral Muselier qui deviendra le premier chef des forces navales françaises libres.

La radio anglaise, la « B.B.C » a mis ses antennes à la disposition de la France libre. La radio de Londres émet en français sous le titre "Les Français parlent aux Français". Elle joue un rôle considérable dans le ralliement à la résistance de la masse des Français. Ceci, bien que l'écoute de la radio anglaise soit interdite en France occupée, et que son audition soit gênée par un "brouillage" des émetteurs allemands. Sur ses antennes parlent Maurice Schumann, Jean Marin, Pierre Bourdan, l'humoriste Pierre Dac qui brocarde la "défense élastique" des communiqués allemands tentant de dissimuler sous ce vocable leurs reculs sur le front de l'Est à partir de 1943.

La Croix de Lorraine fut le symbole de la France libre. Dans un premier temps, à la recherche d'un emblème, la secrétaire du Général de Gaulle, Elisabeth de Miribel avait proposé l'étoile de mer... C'est le Vice-Amiral Muselier, lorrain d'origine qui conçut pour les forces navales françaises libres, un pavillon bleu frappé de la croix de Lorraine, et, pour les forces aériennes, une cocarde frappée de la même croix. En France occupée, cette croix de Lorraine, facile à tracer à la craie rapidement sur les murs, deviendra, avec le "V" de la victoire, le principal signe de résistance apposé sur les murs.

Au début de 1943, les chefs de la Résistance se trouvant à Londres souhaitent que soit élaboré un chant de la Résistance. Maurice Druon, le futur académicien, et son oncle, le journaliste et écrivain Joseph Kessel, arrivent à Londres en janvier 1943.

C'est à eux qu'est demandée la création de ce chant. Ils en écrivent les paroles. C'est le "chant des partisans". La musique fut créée par la chanteuse Anna Marly, d'origine russe, et qui s'était mise à la disposition de la France libre.

Jean SURET-CANALE

note 1.
Territoires sous mandat: anciennes colonies allemandes (Cameroun et Togo) ou possessions turques, confiées à l'administration de la France par mandat de la Société des Nations.
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note2.
Niemen: nom du fleuve qui formait frontière entre la Lituanie et la Prusse orientale; Alors zone de combats.
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