RESISTANCE UNIE en Gironde


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d'un Français libre.
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Témoignage de Louis Bernon. (page n°2)

Le 27 juin vers 5 heures du matin Pierrot et le camarade Boubé descendent jusqu'à la ferme avec beaucoup de prudence car il y a un peu de brouillard, Monsieur Esquarie était venu à leur rencontre, il promet de nous trouver un passeur et qu'il viendra nous ravitailler dans la journée, il nous indique une nouvelle planque. C'est avec une extrême gentillesse qu'il nous porte 1 pain, fromage, jambon et vin en nous disant que le départ était prévu pour 22 h 00, de nous reposer car la nuit allait être longue, très longue; une épreuve physique extrêmement dure nous attendait. Puis c'est l'heure de partir. Mr Esquarie est accompagné de son fermier. Nous allons avoir une nuit très éprouvante, très dure avec beaucoup de risques de chutes car les sentiers escarpés sont difficiles d'accès. Je ne connais pas les Pyrénées.

Après avoir marché 1 heure environ, nous faisons la connaissance de notre nouveau guide. Il faut payer Mr Esquarie, mais il ne veut rien. seulement il nous fait promettre de venir le voir après la guerre (Pierrot Latrubesse et moi l'avons fait).

Nous continuons notre traversée des Pyrénées avec le nouveau guide. La fatigue commence à se faire sentir. Il est 4 heures du matin nous devons nous arrêter avant le jour. Le guide nous conduit dans une bergerie, nous sommes dans les environs de Saint-Angrace, nous avons pour consigne de ne pas nous montrer, seulement de surveiller les alentours. D'un côté, nous avons les prairies où il y a des vaches et des moutons et l'autre côté est plutôt boisé. Le guide est reparti pour nous chercher à manger, tout en surveillant l'endroit où nous sommes au cas où les Allemands arriveraient. Nous avons entière confiance en lui. Nous nous reposons dans le grenier à foin, au-dessus de la bergerie. Il fait chaud,nous avons très soif.

28 juin. Puis il est 22h c'est le départ, le temps est relativement beau, la nuit fraîche, nous allons éviter St Angrace. Après avoir traversé plusieurs gaves, nous avons les pieds trempés, ce qui rend notre marche plus pénible (n'ayant pas les chaussures de montagnards) Enfin, nous avons la foi, l'espérance. L'envie d'aller encore plus haut, plus loin (Dieu est avec nous, il nous protège) Nous sommes proche des gorges de Kakouette assez loin de la frontière le guide nous emmène vers une autre ferme en pleine montagne, là un autre guide nous prend en charge pour nous faire traverser en Espagne, dernier col. Nous venons de rencontrer un gars comme nous, qui est un peu perdu. mais la méfiance s'impose. Le guide prend la responsabilité de le faire traverser, mais demande de le surveiller (plus tard nous avons appris qu'il venait de Lille !) Après avoir marché une partie de la nuit, nous sommes tous très fatigués, éprouvés physiquement pour avoir surmonté tant de difficultés et de peur.

Mais nous sommes déterminés, nous sommes près du but ! Le guide va voir comment sont situés les gardes frontières allemands puissamment armés. Il faudra passer entre deux . Après qu'il nous ait indiqué le passage vers l’Espagne ; nous lui donnons de l'argent - Il nous souhaite bonne chance et chacun de notre côté nous disparaissons. Nous avons réussi nous sommes en Espagne, mais très vite il faut s'éloigner de la frontière car il y a encore beaucoup de risques. Nous empruntons une partie boisée et souvent rocailleuse toujours avec prudence.

29 juin, nous descendons vers le village le plus proche, par les sentiers des contrebandiers et de leurs bourricots! (J'ai bu beaucoup d'eau très fraîche, aussi j'ai les intestins détraqués). En disant adieu à la France et à bientôt, j'ai une pensée très forte pour ma famille, je pense à mon petit frère et ma petite sœur, que de questions ont-ils posées pour savoir ce qu'était devenu leur grand frère! Je pense aussi au passeur de Barlanés ce courageux patriote. Beaucoup d'entre eux ont payé de leur vie sur 2.500 passeurs. 342 auraient été déportés (dont 137 morts en déportation) et 660 auraient été internés à quoi s'ajoutent 22 morts dans diverses circonstances (Emilienne Eyehenne ). A notre périlleuse aventure il faut les y associer (l'exemple du dévouement, la grande fierté d’être français).

Nous suivons un cours d'eau et arrivons à la première maison espagnole. Nous faisons un brin de toilette au bord de la revivre. il fait beau! J’ai encore quelques bricoles à manger dans ma musette nous allons pouvoir casser la croûte, car l'air de la montagne nous a creusé.

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